Si c’est gratuit…

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai vu un jour débarquer cette petite phrase. Petite phrase qui se répète maintenant à tort et à travers dans tout média. « Si c’est gratuit… ». La phrase est accrocheuse, la rime est là, suffisante ce me semble. Et pourtant.

Je crois que ce slogan est sorti de ce que je désignerai par le terme de « milieu libriste », c’est-à-dire des gens soucieux des droits associés à l’utilisation d’un logiciel, qui se préoccupent des conditions d’utilisation d’un service, de ce que l’on fait avec leurs données et par extension, leur vie privée. Je crois que ce slogan était destiné à lutter contre les plateformes, Facebook, Google, Microsoft et autres, pour forcer les gens à réfléchir à ce qu’ils échangent en acceptant d’utiliser un service gratuit, proposé par une multi-nationale côté en bourse et faisant des millions (des milliards) en chiffres d’affaires. Et pourtant.

Et pourtant, je me suis toujours demandé si ce slogan n’est pas contre-productif. « Si c’est gratuit… ». C’est le problème du slogan simple, de la construction logique « si…, alors… ». Car si nous suivons ce que nous propose cette phrase, qu’en est-il alors du logiciel libre, des créations publiées en Creative Commons (pour ne citer qu’elles) ? Mon système d’exploitation est libre… et gratuit, que devrais-je donc en déduire ?

Bref, j’ai toujours trouvé ce slogan bancal et réducteur. Bien sûr, le public averti connaît les problématiques, a écouté au moins une fois la conférence de Stallman et sait bien qu’un logiciel peut être libre et ne pas être gratuit. « Free as in freedom, not as in free beer ». Libre comme dans liberté, pas comme dans bière gratuite.

Que pensera donc une personne à qui on aura rabâché « si c’est gratuit… », et qui, se renseignant sur les alternatives, apprendrait qu’une grande partie sont gratuites (car tenues à bout de bras, au quotidien, par des passionnés) ? Le comble.

« …, c’est toi le produit ! »

Finalement, l’essentiel réside, peut-être, simplement dans la prise de conscience…