Écrire et publier

Mon rythme de publication a baissé. C’est un fait. En regardant de très loin, je constate que cela coïncide assez avec mon entrée dans « le monde du travail ». Ce n’est pas le seul facteur. Étant arrivé à mettre en place un « nuage » de service informatique qui me satisfait, j’expérimente moins. Autre raison, je me suis découvert une nouvelle passion (je crois que le qualificatif est mérité) : le roller de vitesse. Il faudra aussi que je me penche un jour sur l’impact de mon emploi sur ma passion de l’informatique. Mon introduction s’allonge. Les préoccupations changent, les centres d’intérêt évoluent.

Jusqu’à présent, j’ai publié ici une majorité de contenu technique en lien avec l’informatique. La question que je me pose aujourd’hui pourrait se résumer à : « Quels sujets ont leur place ici ? ». Qu’est-ce qui a sa place où ? Ce qui est certain, c’est que je souhaite pouvoir m’éloigner de la technique pure, ouvrir vers des questions plus générales, pas forcément liées à l’informatique. On s’approche de la notion de « ligne éditoriale », terme trop professionnel, mais qui résume l’idée.
C’est davantage un joyeux bazar qui règne, constitué de billets écrits en fonction des envies du moment. Indirectement, c’est se censurer ou se faire plaisir; ( (re)trouver le plaisir d’écrire, comme forme de dialogue interne avec soi-même).

En toile de fond, se joue également la question de la propriété des données, de la fragmentation de la production numérique et du contrôle (relatif) sur celle-ci. En l’occurrence, lorsque après une compétition, je relate mon expérience via les réseaux sociaux, ne serait-il pas préférable de publier ici et de partager le lien. Est-ce que je veux que mon contenu soit fragmenté sur Twitter, introuvable sur Facebook, … etc. Les outils que j’utilise sont-ils adaptés ?
À ce sujet, j’ai découvert par hasard le principe POSSE (Publish (on your) Own Site, Syndicate Elsewhere) que l’on pourrait traduire en français de la manière suivante : publier sur son propre site, transmettre ailleurs. L’idée est donc de conserver ses données telles que articles, notes, liens, etc sur son propre espace plutôt que dans les silos et d’automatiser si besoin la transmission du contenu vers les dits silos soit en totalité, soit partiellement, mais toujours en liant ce contenu à la source principale.
Personnellement, je trouve l’idée particulièrement attirante puisqu’elle s’inscrit dans la continuité de ce que j’ai souhaité construire lorsque j’ai enregistré le nom de domaine unicoda.com . Le partage automatique vers les silos ne me semble pas indispensable, en revanche, conserver la donnée sur mon espace et faire la liaison vers ce contenu ailleurs me semble idéal.

On peut également s’interroger sur notre rapport au temps. Indéniablement, écrire, structurer sa pensée, laisser mûrir ses idées, vérifier ses affirmations, … requiert du temps. Du temps que tente de nous voler divers multinationales (Facebook, Twitter, la TV, les séries, …). Ce n’est pas que le temps passé dans ces activités soit forcément mauvais ou forcément perdu. Le problème est du côté de l’économie de l’attention, qui tend à construire chaque outil, chaque objet, de telle sorte que notre esprit revienne le plus souvent possible vers lui et y reste le plus longtemps possible. Il convient d’occuper la populace pour l’empêcher de réfléchir à ce qui importe et l’enjoindre à consommer.

Par ailleurs, si l’apprentissage de l’écriture intervient tôt dans le cursus scolaire, l’école prépare peu à l’écriture, à la publication sur Internet. Le seul lecteur étant en général, le professeur, dans son rôle d’évaluateur. Écrire sur le net, c’est faire face à des lecteurs, c’est publier dans un espace accessible à tous. Reconnaissons tout de même que les cours proposés à partir du lycée contribuent à apprendre à structurer sa pensée à l’écrit, mais toujours dans une optique d’évaluation, et non d’expression publique.

Je ne résiste pas à l’envie de terminer par une citation de Benjamin Bayart :

Il faut apprendre aux gamins, non pas à lire et écrire comme on faisait au dix-neuvième siècle, mais à lire et écrire pour être lus et à écrire en public, écrire pour publier.

 

Anonyme

Auteur/autrice : Victor

Ingénieur en informatique de formation et de métier, j’administre ce serveur et son domaine et privilégie l'utilisation de logiciels libres au quotidien. Je construis progressivement mon "cloud" personnel service après service pour conserver un certain contrôle sur mes données numériques.

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