On dit chiffrer (!)

Je lisais cet été le roman Légion: A fleur de peau de Brandon Sanderson. Pas spécialement long, 222 pages, mais divertissant. A la lecture, plusieurs passages m’ont interpellé, puisque la traduction française n’utilise pas les termes corrects pour parler de chiffrement. Extrait page 59:

Tous les gens qui travaillent ici sont censés crypter les données qu’ils stockent dans leurs cellules. Vous avez entendu parler des masques jetables ? – Bien sûr, répondis-je. C’est un système de cryptage aléatoire qui nécessite une clé unique pour le décoder. Il est censé être incassable. – Mathématiquement, c’est la seule forme de cryptage incassable, précisa Yol. […] La politique de l’entreprise insistait sur ce cryptage – avant d’injecter des données dans leur corps, ils les cryptaient à l’aide d’une clé unique. Ensuite, pour lire ces données, il fallait disposer de cette clé. Malheureusement, nous ne savons pas celle dont Panos s’est servi. – A supposer qu’il se soit conformé à cette politique et qu’il ait bien crypté les données.

Plus loin page 61 :

Trouver la clé de décryptage ne suffira pas, lança Yol derrière moi. Nous ignorons combien de copies il en existe – à supposer même que Panos ait suivi le protocole de cryptage.

Vous l’aurez compris, des données ont disparu et le narrateur est chargé de les retrouver. Celui-ci va donc se documenter sur la cryptographie, nous pouvons donc lire à la page 72 :

Les deux disciplines évoluaient dans le même domaine, et certains des livres que j’avais parcourus évoquaient des méthodes de déchiffrage consistant à remarquer les changements qui pouvaient survenir dans une écriture et comment, par exemple, la façon d’orienter les barres de ses t pouvait transmettre des informations cachées.

Les deux disciplines évoquaient ici sont, vous l’aurez peut-être deviné, la graphologie et la cryptographie. Le mot qui interpelle ici est déchiffrage, néanmoins, notre site de référence chiffrer.info ne précise rien à son sujet. Si chiffrage est bien sûr exclu, il peut sembler logique qu’il en soit de même pour déchiffrage. Sur ce point, le dictionnaire de l’Académie Française ne semble pas le connaître, je pense que nous pouvons donc lui préférer le terme de déchiffrement.

Le terme revient à la page 181 :

Ton frère possédait une clé de déchiffrage, déclarai-je, qui permettrait de décrypter les informations stockées dans son corps.
[…]
– Une clé de déchiffrage ?

Rebelote page 218, il faut noter tout de même le bon usage ici du terme « déchiffrer ». Attention, texte très tronqué pour éviter au maximum tout indice quant au dénouement :

Mais j’ai terminé de déchiffrer ça.
[…]
La […] clé […] destinée à décrypter les données […].[…], crypté lui aussi.

Pour terminer cet article, voici donc les passages ci-dessus modifiés pour utiliser les termes corrects :

  • Page 59

    Tous les gens qui travaillent ici sont censés chiffrer les données qu’ils stockent dans leurs cellules. Vous avez entendu parler des masques jetables ? – Bien sûr, répondis-je. C’est un système de chiffrement aléatoire qui nécessite une clé unique pour le décoder. Il est censé être incassable. – Mathématiquement, c’est la seule forme de chiffrement incassable, précisa Yol. […] La politique de l’entreprise insistait sur ce chiffrement – avant d’injecter des données dans leur corps, ils les chiffraient à l’aide d’une clé unique. Ensuite, pour lire ces données, il fallait disposer de cette clé. Malheureusement, nous ne savons pas celle dont Panos s’est servi. – A supposer qu’il se soit conformé à cette politique et qu’il ait bien chiffré les données.

  • Page 61

    Trouver la clé de déchiffrement ne suffira pas, lança Yol derrière moi. Nous ignorons combien de copies il en existe – à supposer même que Panos ait suivi le protocole de chiffrement.

  • Page 72

    Les deux disciplines évoluaient dans le même domaine, et certains des livres que j’avais parcourus évoquaient des méthodes de déchiffrement consistant à remarquer les changements qui pouvaient survenir dans une écriture et comment, par exemple, la façon d’orienter les barres de ses t pouvait transmettre des informations cachées.

  • Page 181

    Ton frère possédait une clé de déchiffrement, déclarai-je, qui permettrait de déchiffrer les informations stockées dans son corps.
    […]
    – Une clé de déchiffrement ?

  • Page 218

    Mais j’ai terminé de déchiffrer ça.
    […] La […] clé […] destinée à déchiffrer les données […].
    […], chiffré lui aussi.